dimanche 20 mai 2012

Garance des teinturiers


Rubia tinctorum



Localisation de Colore ma ville ! : Square André Meunier et Villa Saint-Cyr.

Description :
La garance des teinturiers est une plante vivace de la famille des Rubiacées, qui fut largement cultivée pour la teinture rouge extraite de ses racines.
Plante vivace par ses rhizomes, à tiges couchées ou grimpantes mesurant jusqu'à 1,5 m de long.
Ses feuilles sont apparemment verticillées, munies sur les bords et sur la nervure principale de petits aiguillons qui permettent à la plante de se soutenir en s'appuyant sur les autres plantes.
Les fleurs jaunâtres s'épanouissent en début d'été (juin-juillet), à 4-5 pétales soudés à leur base. Les fruits charnus (baies), sont de la taille d'un pois, noirs à maturité.
Le rhizome peut atteindre 80 cm de long.

Région :
Cette espèce est originaire d'Asie occidentale et centrale : Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak, Iran, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et d'Europe de l'Est : Russie (Crimée), Ukraine, ex-Yougoslavie. Elle a été répandue par la culture et naturalisée çà et là dans les régions tempérées.

Parlons couleur : 
Molécules colorantes : Présence d’antraquinone : l’alizarine et la purpurine.
Récolte : On utilise les racines d’au moins deux ans, voir trois à sept pour une concentration plus importante en colorant.
Couleurs obtenues :  on obtient des tons de rouge, brique, selon la préparation des fibres.



Un peu d'histoire :
La garance était connue des Grecs et des Romains et l'ingénieur romain Vitruve précise qu'elle était employée dans les couleurs pourprées.
Les soins cosmétiques dans l'Égypte antique utilisaient un pigment laqué rose obtenu à partir des molécules colorantes (alizarine, purpurine, pseudopurpurine) de la garance (ou d'autres plantes analogues comme l'orseille, l'orcanette, le jus de mûre, de l'acanthe) précipitées sur de l'alun).
La culture de la garance présentait un grand intérêt économique dans le domaine du textile grâce à la teinture extraite de ses racines. Déjà, au milieu du xive siècle, la culture de la garance était policée en Zélande. La ville de Zierikzee, sur l'île de Schouwen, interdisait la vente de draps anglais si ceux-ci devaient être teints. La spécialisation amenée par la culture intensive de cette ressource en Zélande engendra une ventilation qualitative du produit sur une base régionale. Ainsi, la garance de certaines villes zélandaises semble avoir été plus recherchée que celle de Zierikzee après 1470 : Tholen, Reimerswaal, Zuid-Beveland et Brielle (île de Voorne). Une fois réduite en poudre, la garance était expédiée des ports zélandais (notamment Middelbourg) à Londres, Hull, Southampton et Lynn où son usage semble avoir été essentielle à l'industrie drapière anglaise durant le xve siècle.
La culture de cette plante en France a été tentée sous le règne de Louis XIV. Dans le but de stimuler une industrie teinturière française, Jean-Baptiste Colbert avait promulgué une instruction sur la culture et l'emploi de la garance. Un édit royal exonérait de l'impôt toute personne qui la cultiverait dans les anciens marais asséchés. En 1698, un marchand de Nîmes, Martin, avait obtenu un privilège royal pour en introduire la culture dans le Languedoc, mais ses tentatives, qui ne durèrent pas plus de deux ou trois ans, restèrent vaines. En Europe, les Néerlandais gardaient le monopole de cette culture.
En 1754, Jean Althen commença des essais de culture à Saint-Chamond, puis les renouvela à partir de 1763 avec plus de réussite dans le Comtat avec l'appui du marquis de Caumont, premier consul d'Avignon. Il n'y eut cependant aucun essor significatif à cause des importations du Levant. Mais les guerres de la Révolution ayant entravé le commerce, les cultivateurs se lancèrent dans cette culture qui se développa pour atteindre son maximum vers 1860.
En 1839, on compte cinquante moulins à garance en Vaucluse, alors qu'il n'y avait que dix moulins sur la Sorgue en 1804. Le Vaucluse, certaines années, générera jusqu'à 65 % de la garance au niveau mondial. À partir de 1860, plusieurs grandes crises (terres surexploitées, baisse de qualité, etc.) touchent cette culture de plus en plus concurrencée par les progrès récents de la chimie. Il ne subsiste plus qu'un seul des cinquante moulins qui tournaient en 1880.
Les rendements obtenus s'élevaient à environ 3 tonnes par hectare.
Après la récolte, la terre fort bien ameublie conservait une grande partie de la matière organique. La culture de la garance constituait donc une très bonne tête d'assolement pour les cultures ultérieures : blé, luzerne, etc. Elle était très bien adaptée aux petites exploitations familiales. De plus le feuillage de la plante, qui était coupé pour favoriser le développement des racines, constituait un fourrage de qualité.
Une première crise était apparue dès 1861 avec une baisse des importations de coton d'Amérique due à la guerre, d'où une moindre demande de matières colorantes.
La synthèse chimique de l'alizarine en 1869 allait amener la disparition très rapide de la garance, phénomène qui coïncide avec la crise de la vigne due à l'apparition du phylloxera. Une légère reprise était apparue en 1871 par suite de décisions malheureuses de certains viticulteurs qui, touchés par la crise du phylloxera, ont remplacé leur vigne par la garance.
Pour faire face aux difficultés économiques, une commission des essais pour l'amélioration de la culture de la garance a été mise en place. Cette commission tirait un premier bilan le 1er mars 1875 avec un rapport d'Auguste Besse à la chambre de commerce et à la société d'agriculture. Ce rapport donnait les indications sur les meilleurs engrais à utiliser. Dans un second rapport du 29 mars 1876, la commission reconnaissait que, malgré des essais positifs sur l'emploi des engrais, la lutte devenait inutile.
Vers 1880, toutes les garancières avaient disparu : les statistiques agricoles annuelles qui paraissent à compter de 1884 ne contiennent aucune mention relative à la garance.

Propriétés chimiques et médicinales :
Les usages de la garance furent nombreux :
En textile : les racines et les tiges souterraines contiennent de l'alizarine, qui a la propriété de donner aux tissus une belle couleur rouge. Les uniformes de l'armée française l'employaient abondamment avant la première guerre mondiale. Cette teinture naturelle a été remplacée par des colorants synthétiques. La culture de la garance, très ancienne (elle est attestée depuis plus de 3000 ans en Inde) n'est plus qu'un souvenir.

Pour les Beaux-arts : la garance (rubia tinctorium) a longtemps été utilisée en tant que pigment pour la confection de la laque de garance, un rouge rosé transparent très prisé à l'huile comme à l'aquarelle. Après l'alizarine synthétique (XIXe siècle), c'est aujourd'hui un mélange de quinacridones ou de benzimidazolones, plus solides, qui imitent sa teinte.

En botanique : cette espèce fait partie des plantes recommandées dans le capitulaire De Villis de l'an 812.

Dans l’alimentation : la garance mélangée à l'alimentation des animaux colore leur os en rouge, ainsi que le lait.

En médecine : La teinture-mère de garance est traditionnellement utilisée dans l'insuffisance biliaire et les lithiases urinaires. Ses propriétés sont dues à la présence de dérivés de la famille des anthraquinones tel l'acide ruberythrique.
Le village d'Althen-des-Paluds, département de Vaucluse fut un centre de la culture de la garance en France au xixe siècle.

Garidel cite dans son livre "Plantes qui naissent aux environs d'Aix" la garance qui "débouche les obstructions du foye, de la rate et de la matrice". Après avoir précisé qu'elle est une des cinq racines apéritives, il ajoute " les teinturiers s'en servent pour teindre en rouge qu'on appelle vulgairement rouge garance. Les feuilles et les tiges servent à nettoyer la vaisselle d'étain... préférable à l'Equisetum".
D'après le docteur Debuigne, la garance serait recommandée contre la jaunisse, l'anémie et les dartres. Leclerc en 1933 confirmait les propriétés diurétiques. C'est pour cette dernière propriété que les arabes l'emploient encore. Les principes actifs seraient l'acide rubérythrique, la purpurine, la chinizarine etc. Pour certains ces propriétés seraient d'ordre dissolvant, il y aurait formation de complexes solubles, calciques et magnésiens, prévenant la formation des calculs.



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